mercredi 6 février 2013

Les Pavés du Parvis, de Philippe Laurent

Vu le 30 janvier 2013 à La Samaritaine

Crédit: Véronique Vercheval
Si dans le titre de ces articles, je m'astreins à mettre le nom du metteur en scène, certains spectacles sont de véritables œuvres collectives. C'est le cas de ces Pavés du Parvis qui a bénéficié dans son écriture et sa création sur scène des talents conjugués de Pierre Wayburn, Amélie Lemonnier et Philippe Laurent. Tous les trois ont mené une véritable enquête de terrain qui a servi de base à ce spectacle.

Les cafés de quartier sont des petits mondes en soi, de véritables lieux de brassage de tout ce qui fait les environs. Dans les coins comme le Parvis de Saint-Gilles, le quartier populaire s'est modifié à l'image de nos cités. Village dans la ville, il l'est resté. Mais il a pris les couleurs du temps. Diversification, multiculturalité et gentrification sont passées par là. Ce sont ces réalités que les trois auteurs ont saisi de leurs oreilles attentives. Ainsi à l'Union ou au Verschueren, on croise tantôt l'artiste en mal de travail qui se complaît dans son errance créative, tantôt l'immigré déçu, tantôt le bourgeois voyageur qui décide de se fixer ici car le lieu transpire "l'authenticité". Mais avant d'aller plus loin et de vous parler plus avant du spectacle, je vous propose d'écouter un entretien avec Pierre Wayburn, Amélie Lemonnier et Philippe Laurent. Ils  expliquent comment s'est déroulée la création. Mais tout d'abord, j'ai demandé à Amélie si les terrasses avaient été vraiment les lieux privilégiés de l'observation...



Crédit: Véronique Vercheval
Dans ce spectacle ramassé, les deux comédiens, Pierre et Amélie, enchaînent les tableaux et changent de personnages avec une dextérité remarquable. Dans les cafés, le regard et l'écoute passent aisément d'une discussion à l'autre: une jeune étudiante française en dépression face à son père en visite qui est prêt à tous lui donner, un ancien humanitaire qui partage sa vision du monde avec un client un peu moins ouvert d'esprit, une serveuse française. Le spectateur devient lui-même l'observateur et entre en quelque sorte dans la genèse de la pièce. Ces scènes de brèves de comptoir alternent avec des apartés plus frontaux: le SDF algérien, le curé de la paroisse, l'artiste qui nous fait découvrir son potager. C'est un microcosme aux aspects de puzzles qui se construit devant nous. En y insérant des témoignages plus "scientifiques" d'un psychologue ou d'une assistante sociale, la comédie (parce que le spectacle est très drôle) est renforcée d'un subtil discours politique mais pas militant, qui permet aussi de tirer quelques traits universels de nos cohabitations urbaines. Tout s'enchaîne sans temps mort pour aboutir à un mécano à une certaine justesse sociologique, grâce à deux acteurs qui peuvent jongler avec les identités comme on enfile les pintes au comptoir de son troquet préféré.

À la Samaritaine jusqu'au 16 février.

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