mercredi 16 janvier 2013

King Lear 2.0, de Raven Ruëll

Vu aux Tanneurs le 16 janvier 2013


Crédit: Kurt Van Der Elst
Le Roi Lear revient régulièrement sur nos scènes. En plus d'être une tragi-comédie bien enlevée, la pièce doit son succès continu à son discours sur le pouvoir, sur la transmission et sur la sénilité, comme nous l'avez démontré la création de Lorent Wanson au Parc . Alors que nos démocraties se posent pas mal de questions et que nos sociétés vieillissent, on comprend l'universalité des thèmes développés par Shakespeare.


Dans son King Lear 2.0, Jean-Marie Piemme choisi de nous ramasser l'histoire originelle par le biais d'un monologue, celui d'un personnage créé de toute pièce: la fille du bouffon du roi. Tenue à l'écart de la cour qu'elle ne peut s'empêcher d'observer, les yeux de la jeune fille sont rouges de colère. Son discours n'est que rancœur face au comportements des trois filles du roi, qui se disputent un royaume que leur père désirait leur léguer prématurément en signe d'amour. La jeune fille lance sa hargne à qui veut l'entendre envers ces enfants gâtés qui ont gâché leur destin royal. Elle, par contre, n'a jamais supporté d'être la fille de celui dont le métier était l'humiliation. Pourtant, elle l'aime ce clown de cour. Mais où est-il? "Papa? Papa?" L'errante comédienne qu'elle est devenue martèle ainsi son discours, tel un refrain.


Crédit: Kurt Van Der Elst
C'est en néerlandais que le texte de Piemme a été créé pour la première fois. De plus en plus visible sur nos scène, Raven Ruëll s'est emparé de ce texte coup-de-poing et l'a confié à la jeune comédienne néerlandaise Berdine Nusselder. C'est cette même équipe qui crée le seul-en-scène en français aux Tanneurs. Choisissant un jeu en frontal, elle confie sa colère d'entrée de jeu. Son jeu monocorde nous a personnellement laissé sur le bord de la scène, nous abandonnant pendant les dix premières minutes. Le spectacteur devra profiter des rares chutes de ton pour s'immiscer dans le discours de la jeune fille et et ainsi être emporté dans son malheur. Provocante et désespérée, c'est une ado sans repère confrontée aux jeux de pouvoir qui nous est présentée. Dans sa mise en scène, Ruëll , fidèle à une univers glauque et sombre, insère un instant proche de la performance, où l'héroïne devient une Électre, lucide sur les jeux de pouvoir qui ont fait disparaître son père. Si l'on peut saluer la performance de comédienne, on reste circonspect quant au ton choisi.

Aux Tanneurs jusqu'au 26 janvier.

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