vendredi 15 novembre 2013

Money, de Françoise Bloch

Vu au Théâtre National le 18 octobre 2013


Dans ses productions du Zoo Theatre, Françoise Bloch et ses comédiens ont l'art de traite à bras le corps de sujets, a priori peu théâtraux. Après les monde de la consultance (Grow or Go) et celui du télécommerce (Une société de services), la metteure en scène et ses quatre comédiens ont remis le couvert de l'écriture collective pour fournir leur vision de la crise financière et bancaire. 
Crédit: Antonio Gomez Garcia
Depuis 2008, la chasse aux spéculateurs outranciers est lancée. Mais nous, pauvres victimes d'un système qui nous dépasse, avons été les pions de notre propre perte. Money pose clairement la question. Notre épargne que nous croyons sagement dormir dans les coffres froidement métalliques de nos banques serait donc l'arme du crime. Sans que nous le sachions. Que nos économies financent des activités peu recommandables au niveau environnementales, politiques voire militaires. Et selon le Zoo Théâtre, cela commencerait dès la salle d'attente de votre banquier, quand une petite musique diablement orchestrée vous fait sentir comme acteur de votre destin alors qu'un habile numéro de prestidigitation lexicale (avec son lot d'expressions toutes faites) va vous déposséder de votre conscience pécuniaire.
Crédit: Antonio Gomez Garcia
Tout cela vous semble aussi rébarbatif qu'un prospectus vantant la rentabilité d'une sicav? Que nenni! Françoise Bloch chorégraphie littéralement cette manipulation organisée. Au fil des saynètes qui nous sont proposées sur fond de vidéos graphiques ou explicatives, sièges de direction et tables de travail virevoltent dans un ballet dynamique reflétant la danse dans laquelle nos chères institutions financières nous entraînent pour mieux nous embobiner. Les comédiens endossent avec talent tour à tour les costumes de banquiers finauds et de clients naïfs. Le quatuor ne manque pas d'humour, et reçoit des mentions spéciales, notamment pour Benoît Piret, en (faux) ingénu du marketing bancaire, et Jérôme De Falloise (Aude Ruyter et Damien Trapletti ne déméritent pas pour autant ;-)).
La démonstration est édifiante, nous sommes tous des coupables collatéraux du désordre économique mondial. Mais plus qu'un constat, la pièce veut aussi nous pousser à l'action (de manière légère, pas de théâtre-action ici), ou du moins à la réflexion de la culture de nos économies. À qui profitent-elles? À nous de le décider...


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