mercredi 20 novembre 2013

Rearview, d'Armel Roussel

Vu aux Tanneurs le 13 novembre 2013


Crédit: Alice Piemme
Tout vouloir plaquer et partir loin. Ça nous est tous arrivé un jour, du moins l'envie. le protagoniste de Rearview, lui, passe à l'acte. Il laisse en plan copains-crétins et gonzesse pour embarquer dans un road-trip à l'américaine. Cela tombe bien puisque le texte de Gilles Poulin-Denis nous vient du Québec. Séduit par cette langue si particulière, Armel Roussel l'a choisi pour mettre en scène son premier solo.

On retrouve dans ce spectacle une saveur et une couleur de fin de nuit que Roussel avait déjà explorée dans Nothing Hurts de Falk Richter, avec son quatuor de noceurs en plein trip intersidéral. Mais ici, Guillaume, le protagoniste, est seul face à la route et aux rencontres qui la jalonnent. La route qui défile sur l'écran derrière lui le pousse à courir, sans regarder dans le rétro, après une jeunesse qu'il dit avoir manquée (s'endormir à 17 ans et se réveiller à 27). Malheureusement, c'est le néant et le vide que semble découvrir notre ami routard à la prochaine station-service plus qu'un plein de plaisirs effervescents. Et ses rencontres avec un policier et des oiseaux de nuit naufragés dans une discothèque de bord de chaussée n'y changeront rien.

Crédit: Alice Piemme
Romain Cinter, aperçu dans la création de fin d'études de l'INSAS Angels in America (déjà mise en scène par le "professeur" Roussel), assez à l'aise dès le départ dans cette langue qui serpente entre anglais et français à la manière d'une route des Rocheuses. C'est d'ailleurs ici que réside pour nous l'intérêt, dans un vocabulaire bilingue, coloré et plein d'humour désemparé. "Concrète, poétique, à la fois directe et mystérieuse", la décrit Armel Roussel. La bonne maîtrise du jeune comédien sur ce terrain fait oublier ses petites faiblesses, la voix perdant parfois la tenue nécessaire pour ce rôle de solitaire perdu sur une route bitumée. Le joli travail sur les lumières (sous la direction technique de Nathalie Borlée) transmet les différents états d'âme par lesquels passe le fugitif jusqu'à une rencontre avec un certain Jim Morrison qui le conduira vers la fin du voyage.

Au Théâtre Les Tanneurs jusqu'au 23 novembre.







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