vendredi 23 novembre 2012

La Conspiration des Planches - 21/12/2012 19h - Spéciale: inquiétudes budgétaires pour les arts de la scène


Dans son budget 2013, la Fédération Wallonie-Bruxelles a décidé de se serrer la ceinture. La culture n’y échappe pas et les arts de la scène encore moins.

Le Conseil de l’Aide aux Projets théâtraux (CAPT) voit son enveloppe amputée de 45%, passant ainsi à 700.000 €. La nouvelle fait l’effet d’une bombe dans le milieu artistique. Avec cette diminution, ce sont de nombreux projets théâtraux ponctuels qui ne pourront se créer. Les compagnies, sans conventions (c’est-à-dire sans un accompagnement financier pluriannuel), se sentent menacées. La ministre de la Culture Fadila Laanan a dit vouloir protéger l’emploi dans les lieux sous contrat-programme. Malheureusement, l’emploi créé par les autres créations est mis en danger.

Les artistes se sont rapidement mobilisés, par delà leurs divisions. Ce mardi 20 novembre, ils ont manifesté devant les bureaux de la ministre à Bruxelles. Après une rencontre entre les parties, Fadila Laanan a accepté de revoir sa position et de concerter les différentes instances d’avis.

Le débat se poursuit… Toujours dans sa démarche critique des arts de la scène, La Conspiration des Planches ne pouvait ignorer ce débat et tend son micro aux artistes.

En studio pour en parler:

- Antoine Laubin, metteur en scène et l’un des initiateurs de la mobilisation.

- Michael Delaunoy, directeur du Rideau de Bruxelles et représentant de la Concertation permanente des Employeurs des Arts de la Scène.

- Myriam Saduis, metteur en scène et bénéficiaire à deux reprises de l’aide du CAPT pour la création de ses spectacles.

- Bud Blumenthal, chorégraphe pour faire le point sur le secteur danse.

Nous avons invité un représentant du ministère pour venir commenter ces éléments. Il a décliné l’invitation.

PODCAST – Dès vendredi sur Demandez Le Programme et dans le centre de ressources de la Bellone.

La Conspiration des Planches, le magazine des arts de la scène de Radio Campus Bruxelles. Tous les mercredis à 19h et le jeudi en rediffusion à 13h30.

vendredi 16 novembre 2012

La Conspiration des Planches - 14/11/2012 - Adolescence et un pièce à tout prix



Happy Slapping - Crédit: Y. Houtmann
En l'absence de leurs consœurs, voici ce qu'Olivier et Nicolas vous ont préparé pour cette semaine: 


- Happy Slapping, de Thierry Janssen dans une mise en scène d'Alexandre Drouet jusqu'au 24 novembre à l'Atelier 210


- O'Sister, Odile Mathieu fait appel à Dominique Bréda pour cette comédie en trio proposée jusqu'au 24 novembre aux Riches-Claires









De très belles reprises: 

R.W. - Crédit: D. R.
- I would prefer not to, de Selma Alaoui aux Tanneurs jusqu'au 17 novembre. 

 - Les bonnes intentions, de et avec Cathy Min-Jung jusqu'au 24 novembre. 

 - R.W., de Robert Wallser. Le Rideau repropose jusqu'au 24 novembre les deux dialogues dans une mise en scène de Pascal Crochet. 



Annonçons aussi l'ouverture du festival de danse Latitudes aux Halles de Schaerbeek avec en ouverture Débords. Réflexions sur la table verte. 

 PODCAST – Dès vendredi sur Demandez Le Programme et dans le centre de ressources de la Bellone

 La Conspiration des Planches, le magazine des arts de la scène de Radio Campus Bruxelles. Tous les mercredis à 19h et le jeudi en rediffusion à 13h30.

mardi 13 novembre 2012

Heroes (Just for one day), de Vincent Hennebicq

Vu le 10 novembre 2012 au Théâtre National (studio)

C'est l'histoire d'une vie ratée. Celle de Jean-Pierre Baudson. Ce dont il rêvait, c'est d'être Popy Jones. Alors qu'il passe un sale moment à l'hôpital, l'ouvrier retraité s'imagine en rocker "apache". Sa chambre se transforme en scène de concert et Jean-Pierre revit, porté par son band derrière lui. Mais à force de s'imaginer un autre destin, n'oublierait-il pas que la vie qu'il a vraiment manquée, est la sienne tout simplement? Et son fils (un convaincant Raven Ruëll) viendra cruellement lui rappeler.

Crédit : Cici Olsson
Pour sa deuxième mise en scène (après Parasites de Von Mayenburg la saison dernière) et première écriture, Vincent Hennebicq dresse le portrait intéressant d'un personnage de notre temps. Que retient-on de sa jeunesse? Les actes manqués sont-ils vraiment ceux que l'ont croit? L'écorché qu'il met en scène porte en lui le poids d'une condition sociale. Un pauvre type qui renonce à ses rêves, un peu fous et rock'n'roll, pour prendre le chemin de l'usine, lieu d'esclavage moderne. Parti tôt le matin, rentré tard le soir, la vie de famille est réduite à peau de chagrin. Mais aujourd'hui, il est trop tard. Alors pour éviter de se morfondre, notre antihéros s'imagine en rock star des 70's ou 80's chantant sa vie accompagné d'un groupe aux choristes hautes en couleurs. Mention spéciale à Lucie Debay qui joue un double de Blondie énergique et séduisant. Avec Laura Sépul, elle vampirise un Jean-Pierre Baudson cabotin mais touchant.

La musique est aussi un bel atout de cette création. Les morceaux dynamisent l'ensemble et soulignent les quelques répliques cinglantes de ce spectacle-concert ayant pour point d'orgue le morceau de David Bowie éponyme de la pièce. Être le héros, juste pour un jour, aux yeux de son entourage. Sous ces aspects de comédie punk, Heroes (just for one day) explore en profondeur une relation père-fils de manière assez émouvante.  Hennebicq confirme son affection pour les esseulés de la vie, en y apportant un regard critique mais toujours attachant. Les regrets arrivent toujours trop tard. Et ce n'est pas sur un lit d'hôpital qu'on les évacue.

Jusqu'au 17 novembre au Théâtre National (en collaboration avec le Festival Nouvelles Vagues). En tournée à Liège les 24 et 25 janvier 2013 (dans le cadre du Festival de théâtre) et à Tournai les 29 et 30 janvier 2013.

samedi 10 novembre 2012

Happy Slapping, d'Alexandre Drouet

Vu à l'Atelier 210 le 7 novembre 2012


La fusillade du lycée de Columbine (1999), tout comme la folie meurtrière de l'ado allemand Bastian Bosse (2006), ont inspiré les artistes par l'incompréhension que suscitaient ces tragédies. Avec Elephant, Gus Van Sant restait muet face au quotidien et n'expliquait en rien l'irruption de cette folie, alors que Michael Moore transformait son essai filmé Bowling For Columbine en manifeste anti-armes. Côté théâtre, Lars Norén prenait dans 20 novembre le cas allemand en exemple pour démontrer tout le mal être contemporain, alors que Fabrice Murgia, dans son Chagrin des Ogres préférait le ton du conte pour nous parler de solitude adolescente.

Crédit : Yves Houtmann
Dans Happy Slapping, Thierry Janssen ne fait aucune allusion directe aux faits précités mais ils traversent son récit. Trois jeunes gens, renommés Spielberg, Lucas et Coppola, comblent leur ennui en multipliant les "jackasseries" qu'ils filment et mettent en ligne. C'est ça le Happy Slapping, ce passe-temps idiot tournant la société en ridicule, où les protagonistes des vidéos jouent avec le risque: ils giflent les passants avant de prendre la fuite, ils se mutilent sans raison. Déçus du monde qui les entoure, ces jeunes en veulent aux adultes de ne pas leur proposer un avenir digne des films hollywoodiens. Mais l'arrivée d'une jeune fille va transformer, ce qui ressemblait en une crise adolescente passagère, en une expérience beaucoup plus radicale.

Crédit: Yves Houtmann
Construite comme un grand flash-back, la pièce mise en scène par Alexandre Drouet prend la forme d'un grand puzzle, habilement lié, où les pièces sont tantôt projetées sur écran, tantôt rejouées, tantôt contées. Chaque personnage -Julien Besure, Sandrine Desmet, Jérémie Petrus et Thibault Wathelet- endosse un rôle précis dans l'escalade de cette violence: le grand dadet, lâché par l'école, l'orphelin esseulé et manipulateur, le jeune gentil et la fille à papa délaissée. Contrairement à Van Sant qui privilégiait le silence, Janssen opte pour une verbalisation (parfois excessive) de l'escalade. Tout passe par les propos dialogués ou lancés au public des quatre ados en scène. Rien n'est suggéré; et si on apprend avec horreur l'issue de cette virée au fil de la pièce, c'est parfois à coups d'épisodes un rien exagérés.

L'auteur met en cause le manque de dialogue intergénérationnel pour expliquer l'errance adolescente. La porte de sortie qui est suggérée (dans un face-à-face prof-élève) arrive trop tard pour donner une toute autre fin aux événements. Peu d'espoir ressort de cette pièce critique à l'égard de l'usage non encadré des technologies numériques (outils de la violence plutôt que sa cause), contrairement à ce qu'avait laissé entendre Edna Walsh dans son Chatroom (gros succès du Poche voici quelques saisons). Malgré son ton très adolescent (au recul modéré), le spectacle résonne comme une alarme.

Jusqu'au 24 novembre à l'Atelier 210.

Quelques reprises du moment... - 10/11/2012

- Ghost Road : Fabrice Murgia part à la rencontre des isolés du désert américain qui ont choisi leur solitude  et vivent sur les vestiges d'un monde oublié. Vivianne De Muynck et Jacqueline Van Quaille sont les apports corporels à un spectacle qui joue sur la vidéo et le son, grâce à une collaboration avec Dominique Pauwels. Des témoignages passionnants malgré un puzzle scénique mal agencé. Au Manège.Mons les 13 et 14 octobre. Vu au Théâtre National le 28 septembre 2012.

Je n'ai pas vu les spectacles suivants mais ils ont largement été plébiscités par la critique. J'irai les rattraper.

Crédit: Fabienne Cresens

- I would prefer not to : Selma Alaoui s'inspire de Witkiewicz et de Melville pour décrire une relation mère-fils empreinte de burlesque et de cruauté. Ce spectacle a reçu en 2011, des Prix de la Critique, le Prix de la meilleure mise en scène et le Prix de la meilleure comédienne pour Anne-Marie Loop. Aux Tanneurs du 13 au 17 novembre.

Crédit: Chloé Hoyoux Pilar

- R.W.: le metteur en scène Pascal Crochet nous fait découvrir sous forme de dialogues l'écrivain suisse Robert Walser. Un spectacle récompensé en 2010 par le Prix de la Critique du Meilleur Spectacle. Au Centre culturel Jacques Franck pour le Rideau de Bruxelles du 14 au 24 novembre.

vendredi 9 novembre 2012

La Conspiration des Planches – 07/11/2012 19h – Héros et héroïnes


Au programme de notre émission:

Antigone - Crédit : Isabelle De Beir

- Heroes (just for one day), de Vincent Hennebicq au Théâtre National jusqu’au 17 novembre.

- Antigone, de Jean Anouilh et mis en scène par Fabrice Gardin au Théâtre des Galeries jusqu’au 18 novembre. >>> La critique sur ce blog




- La vie, c’est comme un arbre, de Mohamed Allouchi et de Rachid Hirchi au TTO jusqu’au 1er décembre. >>> La critique sur ce blog


Quelques annonces:
Purgatorio - Crédit : Mirjam Devriendt

- Kiss & Cry, la reprise du tube de Jaco Van Dormael et de Michèle-Anne De Mey au Théâtre National jusqu’au 11 novembre et encore en janvier 2013.

- Purgatorio, spectacle déambulatoire de Rudi Meulemans et de Vincent Dunoyer jusqu’au 11 novembre au Bozar.

- Le Pli, d’Antía Díaz & Marielle Morales aux Brigittines jusqu’au 10 novembre.

PODCAST – Dès vendredi sur Demandez Le Programme et dans le centre de ressources de la Bellone.

La Conspiration des Planches, le magazine des arts de la scène de Radio Campus Bruxelles. Tous les mercredis à 19h et le jeudi en rediffusion à 13h30.

samedi 3 novembre 2012

Quelques reprises du moment... - 03/11/2012

Plutôt que de faire un article par spectacle, ce que je ferai au maximum pour les créations, je vous propose une sélection des reprises du moment. Toujours avec les commentaires du chef mais en bref...

Crédit: D. R.

- L'éveil du printemps: en 30 ans, le Théâtre de l'Éveil de Guy Pion a écumé les scènes francophones avec de grands textes d'auteurs variés. Pour son anniversaire, la troupe, forte de nouveaux talents, remet sa première pièce sur le métier. Frank Wedekind (1864-1918) relatait dans son texte de 1891 l'éveil de l'adolescence à la sensualité. Son œuvre, jugée provocante à l'époque, étonne par sa fraîcheur de ton en décalage avec les mésaventures des jeunes protagonistes. Avec un distribution solide, Jasmina Douïeb mélange les époques dans sa mise en scène tout comme dans la scénographie. Malgré quelques choix maladroits dans l'utilisation de l'espace (un duplex d'un intérieur naturaliste) de placement maladroits, la pièce tient la route surtout grâce à son texte. Au Manège.Mons le mardi 6 novembre. Vu le 6 septembre au Public.


Crédit : N. Honorez
- On vit peu mais on meurt longtemps: l'acteur habitué des Dardenne, Fabrizio Rongione, revient sur son histoire. Aimant à revenir à sa famille italo-liégeoise, il pose un regard cynique sur le monde en crises. Le comédien jongle avec les paradoxes contemporains n'hésitant pas à se remettre en question. Consommation, écologie, économie, tout passe à la moulinette de ce one-man-show sympathique, mis en scène par Samuel Tilman et Alexis Goslain. Du 8 novembre au 8 décembre 2012 au Théâtre des Martyrs. Vu en octobre 2010 au TTO.

Crédit: B. Mullenaerts
- Les bonnes intentions: récompensée pour son premier texte aux derniers Prix de la Critique, Cathy Min-Jung revient avec cette histoire largement inspirée de son parcours d'enfant adoptée. La jeune femme laisse aux brochures d'agence les images de bonheur et de plénitude familiale. Dans une mise en scène inventive, elle décoche ses flèches qui transpercent l'air et qui font mal là où elles frappent. Du 10 au 24 novembre au Théâtre de Poche. Vu le 30 mars 2012 au Poche.

vendredi 2 novembre 2012

La vie, c'est comme un arbre, de Mohamed Allouchi et Rachid Hirchi

Vu le 1er novembre 2012 au Théâtre de la Toison d'Or


Crédit : D. R.


Le succès public de ce spectacle est indéniable. La vie, c'est comme un arbre tourne depuis deux ans dans les salles de spectacle. Dans le cadre du festival Daba Maroc, le TTO, temple du rire bruxellois, ne pouvait qu'accueillir cette création collective due à la bonne humeur communicative de la Compagnie des Voyageurs sans bagage.



Trois amis Marocains, lâchés par leur famille, leur femme ou leur boulot, décident de quitter Tanger pour rejoindre l'opulente Europe du Nord, où le travail, l'argent et les femmes ne se font pas attendre. Il faut dire que la Maroc des années soixante, met du temps à profiter de son indépendance. Nos trois paires de bras cassés remontent l'Espagne et la France pour atterrir dans une froide Belgique bien moins idyllique que prévu. Mais nos camarades ne manquent pas de positiver cette aventure qui va changer leur vie pour toujours.


Crédit : D. R.

Le spectacle mise sur la bonne humeur et la complémentarité du trio principal. Rachid Hirchi interprète cet ingénu intellectuel, persécuté par ses parents pour ne pas suivre la tradition. En séducteur des bas quartiers, Issam Akel tente de nous convaincre de son assurance avec son regard ténébreux mais c'est sa désarmante ignorance qui nous fait fondre de rire. La palme revient à Mohamed Ouachen, excellent en Charlot du Maghreb, empruntant à Chaplin démarche et candeur. Par leurs frasques, les trois compères déjoueront les pièges tendus sur le parcours d'immigré par une série de personnages truculents. Trop peut-être. Aussi bien le bruxellois fournisseur d'emploi que les parents marocains relèvent plus de la caricature que du réel portrait. Dans son ensemble, la pièce baigne d'ailleurs par sa propension à l'excentricité. 


Dans un ambiance qui s'approche par moment du cabaret, ça blague, ça chante, ça danse, ça court. De la danse du ventre au slapstick, les membres de la bande donnent de leur personne pour changer le ton d'un discours sur l'immigration, qui d'habitude vise plus souvent la compassion que la prise de recul humoristique. Recul sur la question des racines (de l'arbre en question) de ces hommes venus dans un premier temps pour une période déterminée, et qui finalement ne sont pas rentrés au pays de leurs parents, ayant trouvé le leur. Malheureusement, ici, cette distanciation n'effleure les épreuves que trop superficiellement. Les comédiens, par leur énergie, veulent prouver que l'immigration n'est pas une tare, y compris pour ses principaux acteur. Néanmoins, La Vie, c'est comme un arbre aurait mérité plus de subtilité. La farce sympathique ne dépasse jamais ce stade. Le public, dont les zygomatiques sont continuellement sollicités, ne semble toutefois pas en faire tout un plat.


Jusqu'au 1er décembre 2012 au TTO.

Antigone, de Fabrice Gardin

Vu le 24 octobre 2012 au Théâtre des Galeries

En 1944, lorsque Jean Anouilh présente son Antigone sous l'Occupation, l'auteur signe un acte de résistance, à l'image de ce qu'est son héroïne légendaire. Antigone refuse de voir la dépouille de son frère Polynice, vu comme le rebelle-traître par la Cité, manquer des derniers sacrements accordés habituellement aux fils des rois. Par son audace et son courage, elle se soustrait à l'autorité de son oncle Créon, nouveau régent de Thèbes et court offrir à son frère défunt la sépulture que son rang lui promet. La France pétainiste est à l'époque la cible de la plume d'Anouilh.

Crédit: Isabelle de Beir
Ses mots restent d'une force imparable à l'heure actuelle même lorsque cette première référence est effacée. Dans sa version qu'il propose aux Galeries, Fabrice Gardin tente de transmettre cette non-soumission à l'ordre établi. Le metteur en scène peut compter sur la présence de la jeune Wendy Piette (nominée comme Espoir féminin aux derniers Prix de la Critique) qui livre une belle prestation tout en subtilité d'Antigone. La comédienne sait jouer des dilemmes qui se  posent à son personnage tiraillée à la fois par une fidélité familiale  (et donc royale!) sans borne et par une amour fraternel qu'elle ne pourrait éluder. Cette hésitation est symbolisée par sa passion envers le jeune Hémon (Nicolas D'Oultremont), fils de Créon, à laquelle elle est promise. Malgré les conseils de sa nourrice (Louis Rocco), elle bravera l'interdit pour accomplir ce qui lui paraît juste. Antagoniste ambigu d'Antigone, Bernard Sens interprète un Créon tout en force et schizophrénie. L'acteur endosse l'habit royal de manière crédible. Cependant, un détail m'a gêné lors de la première, la montée en décibels lors de l'affrontement ultime entre Créon et Antigone gâchait quelque peu la compréhension d'un texte qui mérite plus de variations dans son intensité.

Crédit: Isabelle De Beir
On aurait cependant aimé une version à l'ancrage plus congrès dans notre époque contemporaine qui demande tellement d'actes d'opposition. L'imposant décor -rétro-futuriste-industriel dans la première partie (tuyauteries comprises), plus post-apocalyptique dans la seconde (un mur d'enceinte)- prolonge sans doute une volonté d'universalisation du thème de résistance sans une référence sensible à une situation actuelle. Un constat qui se renforce avec les interventions du chœur (Benoît Verhaert, photo). Cette réflexion est sans doute laissée aux spectateurs mais une prise de position plus forte aurait été la bienvenue. L'essence de la pièce est conservée mais de manière un peu plate donc. 

Le spectacle se laisse regarder, par l'actualité du texte d'Anouilh, mais ne fait naître qu'un embryon de réflexion un peu trop fragile.

Jusqu'au 18 novembre 2012 au théâtre des Galeries.