mardi 13 novembre 2012

Heroes (Just for one day), de Vincent Hennebicq

Vu le 10 novembre 2012 au Théâtre National (studio)

C'est l'histoire d'une vie ratée. Celle de Jean-Pierre Baudson. Ce dont il rêvait, c'est d'être Popy Jones. Alors qu'il passe un sale moment à l'hôpital, l'ouvrier retraité s'imagine en rocker "apache". Sa chambre se transforme en scène de concert et Jean-Pierre revit, porté par son band derrière lui. Mais à force de s'imaginer un autre destin, n'oublierait-il pas que la vie qu'il a vraiment manquée, est la sienne tout simplement? Et son fils (un convaincant Raven Ruëll) viendra cruellement lui rappeler.

Crédit : Cici Olsson
Pour sa deuxième mise en scène (après Parasites de Von Mayenburg la saison dernière) et première écriture, Vincent Hennebicq dresse le portrait intéressant d'un personnage de notre temps. Que retient-on de sa jeunesse? Les actes manqués sont-ils vraiment ceux que l'ont croit? L'écorché qu'il met en scène porte en lui le poids d'une condition sociale. Un pauvre type qui renonce à ses rêves, un peu fous et rock'n'roll, pour prendre le chemin de l'usine, lieu d'esclavage moderne. Parti tôt le matin, rentré tard le soir, la vie de famille est réduite à peau de chagrin. Mais aujourd'hui, il est trop tard. Alors pour éviter de se morfondre, notre antihéros s'imagine en rock star des 70's ou 80's chantant sa vie accompagné d'un groupe aux choristes hautes en couleurs. Mention spéciale à Lucie Debay qui joue un double de Blondie énergique et séduisant. Avec Laura Sépul, elle vampirise un Jean-Pierre Baudson cabotin mais touchant.

La musique est aussi un bel atout de cette création. Les morceaux dynamisent l'ensemble et soulignent les quelques répliques cinglantes de ce spectacle-concert ayant pour point d'orgue le morceau de David Bowie éponyme de la pièce. Être le héros, juste pour un jour, aux yeux de son entourage. Sous ces aspects de comédie punk, Heroes (just for one day) explore en profondeur une relation père-fils de manière assez émouvante.  Hennebicq confirme son affection pour les esseulés de la vie, en y apportant un regard critique mais toujours attachant. Les regrets arrivent toujours trop tard. Et ce n'est pas sur un lit d'hôpital qu'on les évacue.

Jusqu'au 17 novembre au Théâtre National (en collaboration avec le Festival Nouvelles Vagues). En tournée à Liège les 24 et 25 janvier 2013 (dans le cadre du Festival de théâtre) et à Tournai les 29 et 30 janvier 2013.

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