vendredi 11 janvier 2013

Le Chemin solitaire, de Tg STAN

Vu au KVS le 8 janvier 2013


Belle histoire que celle du Tg STAN. Cette compagnie anversoise fut créée en 1989 par de jeunes diplômés du Conservatoire de la Métropole. Voulant mettre fin à la tyrannie du metteur en scène, ils excluent celui-ci de la création et prennent en main des textes, qu'on pourrait qualifier de classiques, en leur conférant une saveur toute particulière. Ils enchaînent les défis en aimant jouer en d'autres langues. Le collectif nous fait le plaisir de revenir à Bruxelles avec trois de leurs spectacles qu'ils joueront en français durant tout le mois de janvier au KVS et au Théâtre National (dans le cadre de leur programme commun Toernee General).


La compagnie Tg STAN - Crédit: Tg STAN

Premier volet de ce triptyque: Le Chemin solitaire d'Arthur Schnitzler (1862-1931). Cet ami de Freud, médecin de profession, a cherché à explorer l'âme humaine par le biais de la fiction théâtrale ou romanesque. L'auteur nous rassemble ici autour du décès d'une mère de famille qui laisse son fils militaire Félix avec un secret lourd: l'identité de son vrai père, qui n'est donc pas celui qu'il a appelé "papa" pendant 25 ans. Au gré d'un texte simple et poétique, rappelant aussi Frank Wedekind (L'éveil du printemps), le spectateur apprendra que le paternel est un peintre ami de la famille qui n'a jamais voulu prendre sa responsabilité de parent. À ce face-à-face qui peine à venir, s'ajoute la question du départ, de la réelle proximité des gens qui nous entoure. C'est subtil et dur à la fois.

Le Chemin solitaire - Crédit: T. Wouters
À sa manière, Tg STAN s'amuse à perdre l'attention du spectateur dans une scénographie faite d'objets posés sur le sol et qui n'ont pas de rapport direct avec l'intrigue. Tourne-disque, percolateur, broyeuse de jardin et poubelle forment un joli tintamarre visuel et sonore, lorgant sur l'installation, qui vient chevaucher les duels de répliques. Les comédiens se meuvent assez géométriquement, comme quadrillant l'espace de jeu blanc ayant éliminé les coulisses. Dans une approche brechtienne, ils aiment à éliminer le quatrième mur. Tantôt on est dans une pièce, tantôt non. Partant du principe que l'acteur ne fait pas le rôle, ils s'échangent les personnages avec une belle fluidité. Le passage au français est assez bien même si on pointera de temps en temps des fautes d'intonation. Malgré l'aspect gadget de certains aspects et objets, le résultat est rafraîchissant et révélateur d'une effervescence scénique flamande qui fait du bien.
Les Estivants - Crédit: T. Wouters

Le Chemin solitaire est à voir jusqu'au dimanche 13 janvier. Tg STAN proposera Les Estivants de Gorki du 16 au 19 janvier au KVS (photo) et Les Antigones mêlant Anouilh et Cocteau du 22 au 26 janvier au Théâtre National.

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