vendredi 2 novembre 2012

La vie, c'est comme un arbre, de Mohamed Allouchi et Rachid Hirchi

Vu le 1er novembre 2012 au Théâtre de la Toison d'Or


Crédit : D. R.


Le succès public de ce spectacle est indéniable. La vie, c'est comme un arbre tourne depuis deux ans dans les salles de spectacle. Dans le cadre du festival Daba Maroc, le TTO, temple du rire bruxellois, ne pouvait qu'accueillir cette création collective due à la bonne humeur communicative de la Compagnie des Voyageurs sans bagage.



Trois amis Marocains, lâchés par leur famille, leur femme ou leur boulot, décident de quitter Tanger pour rejoindre l'opulente Europe du Nord, où le travail, l'argent et les femmes ne se font pas attendre. Il faut dire que la Maroc des années soixante, met du temps à profiter de son indépendance. Nos trois paires de bras cassés remontent l'Espagne et la France pour atterrir dans une froide Belgique bien moins idyllique que prévu. Mais nos camarades ne manquent pas de positiver cette aventure qui va changer leur vie pour toujours.


Crédit : D. R.

Le spectacle mise sur la bonne humeur et la complémentarité du trio principal. Rachid Hirchi interprète cet ingénu intellectuel, persécuté par ses parents pour ne pas suivre la tradition. En séducteur des bas quartiers, Issam Akel tente de nous convaincre de son assurance avec son regard ténébreux mais c'est sa désarmante ignorance qui nous fait fondre de rire. La palme revient à Mohamed Ouachen, excellent en Charlot du Maghreb, empruntant à Chaplin démarche et candeur. Par leurs frasques, les trois compères déjoueront les pièges tendus sur le parcours d'immigré par une série de personnages truculents. Trop peut-être. Aussi bien le bruxellois fournisseur d'emploi que les parents marocains relèvent plus de la caricature que du réel portrait. Dans son ensemble, la pièce baigne d'ailleurs par sa propension à l'excentricité. 


Dans un ambiance qui s'approche par moment du cabaret, ça blague, ça chante, ça danse, ça court. De la danse du ventre au slapstick, les membres de la bande donnent de leur personne pour changer le ton d'un discours sur l'immigration, qui d'habitude vise plus souvent la compassion que la prise de recul humoristique. Recul sur la question des racines (de l'arbre en question) de ces hommes venus dans un premier temps pour une période déterminée, et qui finalement ne sont pas rentrés au pays de leurs parents, ayant trouvé le leur. Malheureusement, ici, cette distanciation n'effleure les épreuves que trop superficiellement. Les comédiens, par leur énergie, veulent prouver que l'immigration n'est pas une tare, y compris pour ses principaux acteur. Néanmoins, La Vie, c'est comme un arbre aurait mérité plus de subtilité. La farce sympathique ne dépasse jamais ce stade. Le public, dont les zygomatiques sont continuellement sollicités, ne semble toutefois pas en faire tout un plat.


Jusqu'au 1er décembre 2012 au TTO.

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