mercredi 6 février 2013

Je pense à Yu, de Vincent Goethals

Vu à l'XL-Théâtre (Rideau de Bruxelles) le 22 janvier 2013


Crédit: Éric Legrand
L'auteur québécoise Carole Fréchette fait vivre à Marie-Madeleine ce qu'elle a elle-même ressenti lorsqu'au détour d'une page de journal, elle apprend par un entrefilet la libération d'un certain Yu Dongyue. Vingt ans plus tôt, ce dernier avait osé souiller de peinture rouge le monumental portrait de Mao de la place Tian'anmen. Nous sommes en 1989 et la Chine traverse une fameuse remise en question de sa révolution communiste et de la tournure qu'elle a prise. Marie-Madeleine, interprété par Anne-Claire, s'étonne de ne pas avoir entendu parler de cet épisode des événements qui qui avaient pourtant fait le tour du monde. Que faisait-elle de sa vie à l'époque? Était-elle plus heureuse qu'aujourd'hui? Il faut dire que la déprime et l'aigreur règnent dans la vie de cette femme. Après un échec sentimental, elle a préféré revenir en ville quitte à travailler pour quelque chose qui ne la passionne pas. Ses seules visites sont cette jeune Chinoise (Yuanyuan Li) à laquelle elle donne des cours de français et un voisin (Philippe Vauchel) très gentil, mais peut-être un peu collant.

Au fil de leurs visites, Marie-Madeleine va les intéresser à sa quête. Qui était Yu? Pourquoi a-t-il commis ce geste? Qu'est-il devenu après 20 années de détention? Mais c'est leur existence propre qui sera questionnée. Où en sont leurs convictions d'antan? Ont-ils réussi leur vie? N'est-il pas temps de remettre tout à plat? Ces trois solitudes feront ce cheminement pour faire avancer leur vie.


Cr.: É. Legrand
Vincent Goethals choisit une mise en scène sobre mais ingénieuse qui nous accueille dans l'appartement de Marie-Madeleine, tout comme on entre dans son cœur. Le spectacle s'articule autour du montage de cette bibliothèque qui croulera sous le poids des peines inavouées de nos trois personnages. Pleine d'intensité, Anne-Claire parvient à dépasser un premier monologue, qui piétine un peu, pour mieux se révéler vibrante dans ses interactions avec ses deux collègues de scène. Là où Yuanyuan Li apporte fraîcheur, Philippe Vauchel s'immisce dans l'intrigue tout doucement pour se révéler émouvant et drôle. Je pense à Yu vaut donc autant pour son touchant trio de comédiens que par sa force à poser des questions sur notre propre cheminement dans la vie.


Jusqu'au 9 février à l'XL-Théâtre

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